Je viens de voir à Rome un spectacle merveilleux : quatre
                                            militantes extraordinairement désirables du mouvement Femen se sont déshabillées héroïquement sur la place Saint-Pierre de Rome pendant
                                            l’Angélus, pourtant bien pacifique, du pape Benoît XVI célébrant la fête du
                                            Baptême du Seigneur. Ces femmes m'enthousiasment. Depuis les présentations
                                            historiques de Charcot à la Salpêtrière on n’a jamais vu un événement si vrai
                                            et si beau. Débrouillez-vous pour trouver ma préface aux Démoniaques dans l’art de ce sublime français qui n’osait pas dire
                                            la vérité sur l’hystérie. Freud, qui, à l’époque, passait par là et qui n'avait
                                            pas encore été arrêté pour déviation grave par le ministre de l’Intérieur Michel Onfray, s’est tout de suite intéressé à ces phénomènes
                                            et en a tiré des conclusions qu’il vaudrait mieux, d’après notre grand
                                            philosophe national, sans cesse célébré dans Le Point, par Franz-Olivier Giesbert,
                                            oublier.
                                            
                                          
                                                    Courageuses Femen, je pense à vous : se
                                            déshabiller pour le pape, quelle volupté secrète ! Il faut rendre hommage
                                            à votre patriotisme sexuel et votre militantisme m’émeut jusqu’aux larmes.
                                            Suivez le grand philosophe Onfray dans sa croisade
                                            contre toutes les saloperies de Freud et de Sade ! Ces deux misérables
                                            écrivains sont, de toute évidence, des agents masqués de l’obscurantisme
                                            catholique. Vos corps nus les démasquent. Vous êtes à l’avant-garde d’une
                                            nouvelle pureté, que voudrait éliminer la pénible « manifestation pour
                                            tous » de Paris, sourdement homophobe, fascisto-catholique,
                                            qui, heureusement, disparaîtra dans la nuit socialiste.
                                            
                                          
                                          
                                             
                                          
                                                    Vive l’intervention militaire française au Mali ! Le président
                                            Hollande jalousait, depuis longtemps, Sarkozy, qui, aux Invalides sous la
                                            pluie, décorait avec un plaisir évident, des cercueils de soldats morts en
                                            Afghanistan. Vous aurez bientôt, chères Femen, et
                                            j’espère que vous vibrerez mieux qu’avec le pape, un Hollande extasié devant
                                            des cercueils de soldats français morts au Mali. Honni soit qui mal y
                                            pense !
                                            
                                          
                                                    Et vive le patriotisme sexuel !
                                            
                                          
                                          
                                             
                                          
                                          
                                             
                                          
                                          
                                             
                                          
                                          Philippe Sollers,
                                            Rome, dimanche, 13 janvier 2013, 19h14